Mais après 1 semaine et demi je vais me permettre de juger, et des têtes vont tomber ! Ce jugement est bien sûr complètement personnel, et pas toujours partagé, que ce soit entre français, anglais, ou australiens, fonction de ce que nous avons vu du monde ou de l'Australie. Cet article est donc un "selon moi", et je préciserai quelques points où nous sommes tous d'accord.
Je suis donc bien arrivé à Perth le 10 Avril dernier, à 23h30. Le vol s'est bien déroulé, aucun soucis avec la compagnie Tiger Airways (l'Easyjet d'Australie). C'est là que tout commence lorsqu'on se rend compte qu'à 23h30 il n'y a plus aucun transport, le taxi est donc de mise à 38$ pour 15min de trajet et surtout se rendre compte que nous sommes seuls sur la route... Je n'exagère pas en disant que nous n'avons pas croisé 1 seule voiture.
Première nuit reposante, il est temps de découvrir Perth, de passer les portes du backpack et...
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Il pleut.
Un flashback : les 15 derniers jours à regarder la météo à Melbourne maussade et voir qu'à Perth il fait 32°C sous un soleil de plomb... Là ça déchante !
Il y fait chaud, environ 26-28°C tout les jours, mais je n'ai pas encore eu une seule journée de plein soleil, un temps censé être courant ici bon sang ! 11 jours que je suis ici désormais, j'attends toujours de pouvoir passer une journée à la plage... Je perds tout mon bronzage si durement acquis à Melbourne !
Bon je sais, Paris est sous la pluie le froid etc... Je comprends, mais faut comparer le comparable, c'est la côte Ouest Australienne ici Nondidjiu ! Après avoir discuté avec quelques autochtones, j'apprends que c'est la canicule et sècheresse depuis 3 mois, et que les perthiens attendent avec impatience la pluie... À croire que je leur ai apporté !
Mais allez, pardonnons à Perth sa météo maudite, elle n'y est pour rien, et visitons la ville... Sauf que là, elle y est pour quelque chose !
Un peu d'histoire :
Perth est fondée par James Stirling en 1829. C'est à l'époque une simple colonie, bien loin de l'esprit de prison que l'empire britannique a développé sur le reste de l'Australie. Mais la réalité des convicts (prisonniers britanniques, utilisés pour la construction des villes australiennes) a rattrapé Perth et la colonie d'hommes libres est devenue "comme les autres" une colonie prison, construite par la sueur et le sang des convicts.
Cette courte histoire place Perth avec près d'un demi-siècle de retard sur Sydney et Melbourne en terme de développement. Les deux dernières ont connues l'apport rapide des européens suite à la ruée vers l'or et par le fort développement de la côte Est australe. Mais Perth, seule ville de la côte Ouest, a eu beaucoup plus de mal à attirer les immigrés de par son isolement dans l'Etat du Western Australia (occupant 1/3 du territoire Australien, et pourtant l'un des états les moins peuplés). Perth reste donc prospère mais sans boom de développement jusqu'au début des années 1900.
Car c'est là que la ville prend un tournant : on découvre dans tout le Western Australia et notamment dans le bush autour de Perth, d'énormes ressources minières de toutes sortes (production d'uranium, aluminium, nickel, or, diamants, sel, ...) et de pétrole.
Se produit alors une nouvelle ruée vers l'or qui n'est toujours pas terminée aujourd'hui car on découvre encore de nouveaux filons dans tout l'Etat.
Tout à coup, Perth devient un centre économique hors norme, comme tout les pays développés, la Fédération d'Australie connait des difficultés économiques depuis quelques dizaines d'années, mais s'en sort grâce au Western Australia et ses ressources.
Cet état de fait explique déjà "l'esprit" des australiens de Perth : rejetés par leur éloignement durant près d'un siècle, ils ne se sont jamais sentis appartenant à la Fédération. Mais aujourd'hui, ils sont clairement le poumon économique de tout le continent et se plaisent bien dans ce rôle au point qu'à chaque élection, les discours réclamant l'indépendance du Western Australia se font de plus en plus nombreux et virulents.
Car après de nombreux échecs au XIXème siècle, les colonies australiennes finissent par se réunir sous une même bannière pour créer la Fédération d'Australie en 1900. Mais le Western Australia n'accepte de rejoindre cette union qu'en 1901, après nombreux débats.
Toutes ces dates nous semblent extrêmement récentes quand on les rapporte à l'histoire de France, mais cela ne se ressentait pas à Melbourne, car elle faisait réellement partie intégrante de l'histoire entière de l'Australie, tandis que Perth en a longtemps été exclu et ne s'est pas créée d'histoire durant ce laps de temps... Je me sens dans une ville nouvelle, ratée comme Marne-La-Vallée, mais quelques milliards de $ en plus.
Vous l'aurez donc compris, pour moi, cette ville a une histoire très faible, trop récente. J'aurai pu penser que du coup l'Etat aurait tenté de comprendre/suivre/reprendre l'histoire des aborigènes locaux, vieille de 40 000 ans... Mais non, ils sont tout autant traités comme parias que dans d'autres villes, je trouve cela même pire.
Qui dit manque d'histoire, dit manque d'âme, et ça se sent.
Continuons donc sur un point de vue urbanistique.
Perth a bénéficié d'une richesse immense et immédiate grâce aux mines, alors quoi? ça fait baver tout les urbanistes non ? Un maire qui se retrouve milliardaire et qui ne sait pas quoi en faire? On se lance on expérimente on se fait un Dubaï à l'Australienne? Avec ses bons comme mauvais côtés, au moins on teste quelque chose ! ... Non... Perdu...
On adopte la connerie anglo-saxonne : on fait de l'urban sprawl (vous savez ces immenses lotissements de maison avec toutes le même terrain, sur des distances infinies sans un seul commerce ou bureaux, où il faut prendre sa voiture pour aller chercher son pain...) ! En plus on est pété de tunes, donc au moins on fait pas tous la même maison, ça met un peu de variété, mais on va quand même le faire encore plus grand, encore plus étalé... Pour que tout le monde puisse sortir son beau 4x4 hors de prix pour aller au marché.
En terme de référence urbanistique, chers collègues architectes, voyez "Celebration City", la ville créée par Disney aux USA, à l'image des Disneylands.
On a donc de belles rues droites plantées et bordées de villas de plus en plus grosses. Et pour être sûrs que les pauvres ne s'installent pas : on ne met aucun transport viable. Quelques trains parcourent Perth et sa banlieue, mais vue les distances... Imaginez Paris et sa région parisienne avec seulement une dizaine de lignes de bus et 2-3 RER, je crois que c'est une bonne équivalence.
Et pour finir d'achever le schéma : le CBD ne comporte quasiment aucun logement. Des gratte-ciels uniquement de bureaux (à Melbourne, les plus hauts gratte-ciels sont des appartements !) ce qui garantie que passé 18h le centre-ville est bien désert et aux mains des caméras de sécurité et rondes policières.
Car oui, qui dit ville riche, dit ville parano. Je me suis toujours senti en sécurité à Melbourne autant qu'ici, me surprenant moi-même de perdre mes habitudes de banlieusard : jamais je ne serai sorti tablette tactile à la main et portable dans une autre à 23h à Paris...
Mais à Perth cette ultra sécurité à un prix... Le flicage et la délation. Il y a des caméras PARTOUT ! Jusque dans les couloirs de mon auberge ! De plus la délation, déjà pratique courante en Australie, est carrément rémunérée à Perth ! Un petit panneau dans le train, vous informe que si vous dénoncez un mauvais comportement et que la personne est inculpée ensuite, vous pouvez gagner jusque 1000$...
Alors pourquoi tant de monde vient vivre à Perth (son développement ne s'arrête pas, les chantiers poussent comme des champignons et les urban sprawl ne s'arrêtent jamais de s'étendre...) ?
Eh bien parce que cela leur correspond bien.
Foyer type de Perth : 2 parents, un enfant, $3 Millions. J'exagère (peut-être?) sur les $ mais l'idée est là. Nous parlons de familles riches proches des "Desperate Housewives" avec Papa qui travaille dans la tour du CBD pour trader l'uranium et Maman qui travailleà mi-temps pour pouvoir s'occuper de la maison (je rappelle à cette occasion que l'école termine à 15h en Australie). Perth est une ville de familles, tablées sur le modèle américain, d'où l'urban sprawl : l'argent ne manque pas, une famille "digne de ce nom" ici a une grosse maison et une grosse voiture. Vous ai-je déjà dis que la TV Australienne vend ces programmes en annonçant "Express from the US"? Maintenant, vous voyez l'impact...
Les conséquences pour moi petit voyageur : ne travaillant pas, je ne vis pas au rythme "normal" d'ici : tout le monde va au travail à 8h, donc entre 7h30 et 8h il ne faut pas espérer trouver un café sans queue interminable. De 9h à 11h, la ville est morte. 11h les magasins ouvrent, ça bouge un peu, beaucoup de touristes. 12h ruée de costume/cravatte et tailleurs, ça grouille de partout une vraie fourmilière, pas un seul resto avec une place libre. 14h, tout s'écroule à nouveau, les touristes vont manger, les rues sont désertes. 16-17h nouvelle ruée de costumes/cravates, tout le monde rentre chez soit, je cherche encore comment : les trains ne me semblent pas blindés à cette heure et pourtant il n'y en a pas beaucoup, il y a peu de bouchons en voiture également. Je pense qu'ils prennent le bus dans le CBD car il est gratuit pour rejoindre de grands parkings à la bordure et rentrer ensuite chez eux.
Perth Bonjour, il est 15h sur la place principale du CBD...
17h30 les magasins ferment. 20h les bars ferment. 22h les rares restaurants encore ouverts ferment. 00h le Mcdo ferme.
Le weekend, la ville est vide jusque 11h, et là c'est l'effervescence, un nombre incalculable de poussettes et de familles bien trop propres sur elle pour ne pas être enfantés par Barbie et Ken, déboulent dans les commerces.
Bref Perth, c'est mort, et là, on est tous d'accord !
Seule activité du CBD : la dépense ! Je n'ai jamais vu autant de magasins et centres commerciaux en si peu de surface... Chatelet et ses environs font pâle figure !
Quand on n'a pas d'histoire, on s'en remet à la Reine, et on crée une "London Court"
Je pourrai parler des heures de cette ville car depuis 1semaine et demi qu'il fait moche, je n'ai fait que la parcourir en long en large et en travers. Je pourrai vous parler des musées (3 musées...), dignes d'une expo municipale d'un bled perdu sans le sous alors qu'autour se pavanent des gratte-ciels et un Convention Centre dont le coût dépasse l'entendement...
Convention Centre de Perth
Je pourrai vous parler de Fremantle, le port mignon mais désertique de Perth et son musée maritime bien décevant...
Port de pêche de Fremantle
Centre de Fremantle, Dédicace à mon Pôpa
Je pourrai vous parler de tout ça mais ce ne serait pas pour en dire du bien.
Tentons donc de donner un peu de bons points, sinon je perds toute crédibilité !
Perth n'ayant aucun intérêt, c'est ses environs qui attirent l'attention. Environ que j'ai peu parcouru à cause de la météo... Mais les plages sont superbes et prometteuses, l'eau y est bien turquoise, bien plus encore que sur la Great Ocean Road, et le sable d'une douceur infinie.
Cela à l'image de Rottnest Island : une petite île paradisiaque à 30minute de ferry de Fremantle (port de Perth), comptez 75$ aller-retour... Lieux idéal pour le snorkeling, la farniente en bord de plage, et le vélo car sur l'île aucune voiture n'est autorisée autre que celle des rangers et le bus qui parcourt l'île. Elle se fait donc entièrement a vélo et c'est là qu'on regrette largement son magnifique vélo orange de Melbourne... Car évidemment il faut louer (30$ la journée) sur place un vélo lourd, mal entretenu avec une chaîne caoutchouc (on hallucine là !) et évidemment moche, sur une île où on ne fait que monter et descendre... J'ai eu plus de mal à faire les 22km de la boucle de Rottnest que les 30km que je faisais quotidiennement à Melbourne sans broncher...
Pour ceux qui comptent faire Rottnest : vous devrez prendre le Rottnest Express qui vous proposera de louer des vélos directement en bookant votre trajet. Je déconseille fortement ! Bien que l'idée d'avoir son vélo direct en descendant du bateau et partir immédiatement est tentante, ces vélos sont particulièrement mauvais ! Si vous n'êtes pas de grands sportifs, évitez et optez plutôt pour la location sur l'île qui ouvre à 8h30, cela vous coutera 28$ au lieu de 30$ et surtout des vélos plus acceptables. Si vous n'êtes là qu'une journée, vous serez content d'avoir un vélo performant car l'air de rien il ne faut pas trop trainer en trajet pour faire le tour en prenant le temps de faire un peu de plage.
Mais l'autre point unique de l'endroit, ce sont les Quokkas !
Ce petit rongeur a élu domicile sur l'île, et c'est le seul endroit au monde où l'on peut les voir ! Nous l'avons élu l'animal le plus cute, devant même le koala car il est bien plus sociable et en plus le petit Quokka sourit ! Observez bien la photo précédente, la forme de sa bouche lui donne un mignon petit sourire !
Vous inquiétez pas nous ne les avons pas nourris, c'est interdit et très mauvais pour eux !
Et je sais : faut que j'aille chez le coiffeur, mais je n'en trouve pas de dignes de toucher ma précieuse crinière... Et pour ma défense, là je sortais du snorkeling!
Le snorkeling a aussi été plutôt fructueux avec de gros poissons très proche de la plage, cela équivalait à certaines plongées que j'ai pu faire en Crête, sauf que là nous n'avions qu'un masque et un tuba.
Le temps n'était une fois de plus pas au rendez-vous, mais malgré les nuages l'eau était turquoise ce qui laisse rêveur sur une après-midi bronzette sur ces superbes plages...
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ThibOz' Check :
Bref vous l'aurez compris : Melbourne me manque et je déteste Perth.
A peine arrivé j'ai donc commencé à chercher une relocation pour Broome que j'ai trouvé ! Je pars Samedi 27 Avril pour Broome dans un superbe campingcar deluxe 2 places, pour 35$ (au lieu de 1500$ pour un van tout pourri). Seul point noir, nous n'avons que 6 jours pour faire les 3000km. Mais nous le ferons tout confort!
Je vais donc enfin nager avec les fameux requins-baleines et voir des dauphins. A cette occasion j'ai commandé un appareil photo numérique étanche jusque 40m, un (gros) investissement justifié par le fait que je compte me rendre à Bali (Indonésie) après Broome, où je trouverai de nombreuses plongées fantastiques à des prix hallucinants (110€ les 7 plongées, soit le prix d'une et demie en France et d'une seule en Australie...) et des logements au même prix (hôtel en chambre "supérieur" à 12€ la nuit). J'y passerai aussi un niveau de plus à moitié prix pour devenir "Advanced Open Diver" et plonger jusque 30m en territoire australe. Et qui sait, si les finances le permettent, passer le 3ème niveau : "Rescue" et devenir plongeur autonome, ce qui pourrait m'offrir des petits boulots assez sympas (tout plongeur de niveau 1 ou 2 (PADI) a besoin d'un plongeur "Rescue" pour plonger).
Je pense rentrer ensuite de Bali à Cairns, où le flou est permis. Pourquoi pas trouver un petit boulot sur un bateau de plongée (amarrer le bateau, préparer à manger et aider les touristes à attacher leur gilet et leurs bouteilles) ce qui me permettrait d'avoir une petite paye, de rester au soleil sur un bateau (ça me manque le bateau) et peut-être de me choper quelques plongées gratuites... Ou alors reprendre la route directement, pour visiter la Côte Est, s'arrêter à Sydney pour travailler ou rentrer à la maison.
Tout est permis, c'est ça qu'est bon !
À bientôt pour de superbes photos de dauphins et requins-baleines !